Nous retournons dans l’Omo Valley. Mais cette fois, contrairement à notre dernière mésaventure, nous sommes sur la bonne rive de la rivère Omo. Les pistes sont correctes et pierreuses et certainement plus roulantes par temps de pluie que celles de la rive Ouest… Nous passons 4 jours dans différents villages de l’Omo Valley à la rencontre de ses tribus étonnantes.
Les paysages sont montagneux et très séduisants. Aux alentours des villages, les arbres portent dans leurs branches de longs tonneaux de bois : des ruches. Les femmes marchent le long des routes, courbées sous de lourds fagots de bois. Pendant ce temps, les hommes surveillent les troupeaux. Au passage de nos voitures, des enfants accourent et nous poursuivent en criant « You ! You ! You ! You ! » en espérant quelques cadeaux. Ils vendent quelques bibelots de leur fabrication ou se déguisent pour des photos : ils se peignent le corps de « peintures de guerre » et se perchent sur des échasses en attendant les voitures de touristes.
Alors que nous photographions un village, nous apercevons une silhouette qui dévale la pente en courant à notre rencontre, en brandissant un fusil. Avons nous pris une photo interdite et fait un mécontent (armé qui plus est) ? Un peu inquiets, nous regardons le bonhomme accourir et lorsqu’il s’approche, nous nous rendons compte de notre méprise : il s’agit d’un gamin souriant qui aimerait nous vendre une arme en bois de sa fabrication. Ouf ! Depuis plusieurs semaines, nous croisons de nombreux hommes armés et nous commençons à devenir paranos !
Près de Konso, nous visitons un petit village installé près d’un canyon creusé dans la terre rouge par les eaux de pluie. Le ruissellement ravine le terrain et forme de hautes structures qui peuvent rappeler la forme d’immeubles. Le village a donc pris modestement le nom de « New York » !
Dans cette région isolée de l’Omo Valley, les peuples ont conservées leurs traditions et habillement ancestraux. Les jours de marché, une foule bigarrée et éclectique afflue dans les villages et constitue un spectacle étonnant. Nous allons aux marchés de Kay Afar et de Demeka. Nous y rencontrons les Hamer, dont les femmes tressent leurs cheveux en une coupe « Mireille Matthieu ». Vêtues de peaux, parées de colliers de coquillages, elles se coiffent d’étranges couvre-chef en demi-calebasse. Les hommes Banas, eux, aiment le bleu. Ils sont vêtus d’une courte jupe, d’un maillot de baskett-ball ( !). Ils plantent dans leurs cheveux une plume et portent aux bras des bracelets de cuivre ou d’argent.
Lorsque nous nous promenons parmi les étals, l’ambiance est amicale et décontractée. Léa et Rose font sensation. Tout le monde veut les toucher, les embrasser ou les porter. Choc des cultures, ces hommes en jupette rient aux éclat de voir Pascal porter Rose : un homme porte un bébé ? Ils sont drôles ces blancs !
Léa et Rose improvisent une séance de danse avec un petit garçon éthiopien.
A Turmi, les femmes d’un village réalisent, à la tombée du jour, un concert et spectacle de danse. Elles sont joliment parées et sont très belles. Léa s’initie à la vidéo en tenant le caméscope. Comme d’habitude, se voir sur les écrans des appareils photo numériques suscite un enthousiasme joyeux chez ces gens qui ne possèdent certainement aucune photo. Le retour des hommes qui rejoignent le village gache la fête : ils exigent plus d’argent et comme on refuse de payer, il nous faut partir un peu précipitamment.
Parmi ces tribus, la plus spectaculaire et la plus célèbre est celle des Mursis. Les femmes s’ornent la lèvre inférieure d’un disque d’argile. Cette tribu vit dans les montagnes de l’Omo National Park, à plusieurs heures de piste de la ville de Jinka. Les Mursis ont mauvaise réputation chez les voyageurs qui déplorent tous leur grande agressivité : ils font payer les photos et pressent les touristes, les touchent, leur tirent les manches, leur font les poches afin d’obtenir le maximum d’argent. Pour éviter ces désagréments, nous décidons d’aller les voir avec un guide local. Le spectacle est paraît-il impressionnant, aussi Léa et Rose sont elles dispensées de la visite. Pascal reste avec elles au camping pendant que Nathalie, Pia et Poul partent une journée entière dans les lointains villages. Là bas, le guide fait bien sont travail et les Mursis restent calmes. La visite est agréable et spectaculaire. Les femmes arborent fièrement leurs plateaux comme de monstrueuses Vénus. Les corps peints et enjolivés de toutes sortes de bijoux ou d’accessoires, les Mursis sont effectivement très impressionnants !
Les dos nus de certaines femmes laissent entrevoir d’énormes cicatrices. Ce sont les séquelles de la cérémonie appelée « bull jumping » au cours de laquelle elles sont battues jusqu’au sang par hommes. Les gens nous expliquent que chacun aime cette joyeuse festivité où chacun prouve son amour soit en battant, soit en acceptant d’être battues. Au cours des festivités, qui durent toute la journée, les hommes sautent par dessus des vaches, et tout le monde danse. Les touristes peuvent assister à l’événement en achetant leur place. Nous déclinons l’offre, peu enthousiastes…