Le matin du 1er janvier, jour anniversaire de Léa, nous nous apprêtons à une journée à la plage. Nous avions prévu de souffler les bougies et déguster le gâteau au chocolat de l’hôtel mais il nous faut gagner Accra au plus vite : Rose, qui a vomit dans la nuit du 30, a de nouveau été malade cette nuit. Elle a un peu de fièvre. Nathalie soupçonne le paludisme, maladie très dangereuse pour les enfants. Nous filons donc vers Accra où nous consultons une pédiatre conseillée par un des expatriés en vacances à Anomabu. Elle confirme le diagnostic de Nathalie et nous commençons immédiatement le traitement anti-paludéen. Dès le lendemain Rose est en pleine forme et sa crise un mauvais souvenir. Malgré notre vigilance et les précautions prises dès la tombée de la nuit (moustiquaire, crème anti-moustique, pantalon et manches longues), il semble donc difficile de se protéger des piqûres de moustique !
Mais nous sommes maintenant à Accra qui n’a pas le charme d’Anomabu ! Reste à fêter l’anniversaire de Léa, passé à la trappe dans la précipitation de la veille. Logés à l’hôtel, nous ne pouvons pas cuisiner de gâteau. Léa souffle les 5 bougies d’un pot de glace vanille-chocolat de chez « Franckies » et découvre ses cadeaux : un appareil photo numérique et une boite de maquillage.
Elle s’entraîne joyeusement à mitrailler tout ce qu’elle voit. Dans la rue, nous craignons des problèmes lorsqu’elle se plante devant un inconnu et le photographie avec insistance. Heureusement, la patience et la gentillesse des Africains est sans faille avec les enfants.
Les photos de Léa :
A Accra, ce sont les fêtes de fin d'année sous les Tropiques : dans la rue, un petit iguane paresse sur les boules et guirlandes d'un grand sapin de Noël.
Dans les rues d'Accra, nous avons la chance de voir passer un défilé de carnaval.
Reste à présent à organiser l’envoi du 4X4 en Afrique du Sud et contacter des sociétés de transport maritime. Nous avions rencontré à Anomabu Olivier, un Français expatrié travaillant à Tema, le port d’Accra. Nous devions le rappeler pour qu’il nous communique des contacts chez les transporteurs maritimes. Mais lorsque nous l’appelons comme convenu, Olivier nous propose de nous héberger dans sa grande maison le temps que nous organisions notre départ. Ravis, nous quittons notre hôtel sans charme et prenons l’autoroute à péage vers Tema.
L’invitation d’Olivier est une chance incroyable. Il nous accueille très gentiment dans sa vaste et belle maison à Tema. Nous serons comme chez nous le temps de notre (long) séjour chez lui. Car organiser le « shipping » de la voiture sera long, beaucoup plus long que prévu. Tema n’est pas une belle ville et les bivouacs n’y sont guère possibles. Au lieu de trois semaines perdues dans un hôtel moyen d’une ville sans intérêt, le temps passé à Tema devient une pause délicieuse et reposante. Nous renouons pour quelques temps, après trois mois et demi de voyage, avec le confort occidental d’une maison : électricité (pour se coucher après 19 h), eau à volonté (pour la douche), eau chaude (pour la vaisselle)… Nous reprenons des forces dans notre îlot de confort… Nous en profitons pour organiser une chasse méthodique à la poussière rouge des pistes qui incruste tout : nous profitons de la machine à laver pour une grande lessive de tout notre linge et nous nettoyons également OZ de fond en comble.
Dès le 4 janvier (les 2 et 3 janvier étaient fériés), nous cherchons à envoyer OZ en Afrique du Sud. Nous passons d’abord quelques jours à demander (et attendre) des devis chez différentes compagnies. Finalement, il semble que les prix puissent varier du simple au double selon le transitaire choisi ou le trajet du bateau. Ainsi, Maersk nous proposera un bateau passant par…l’Espagne avant de redescendre en Afrique du Sud. Avec un tel trajet, leur tarif est évidemment, 2 fois plus cher que celui des concurrents. Finalement, le 11 janvier nous avons trouvé un transitaire. Le bateau attendu à quai le 14 navire est en retard « because the harbour is congested because of the par in Ivory Coast». Il ne trouvera sa place à quai que le 20, avec quasiment une semaine de retard. Le 15 navire, OZ est ficelé et enfermé dans son container. Il reste à quai en attendant le bateau et nous croisons les doigts en espérant échapper aux vols.
En semaine, entre les démarches dans le port, ou le week end, en compagnie d’Olivier, nous visitons les environs.
Une route longe la côte et relie Accra à Tema. Elle traverse plusieurs villages. Là nous avons vu les plus étranges commerces rencontrés jusqu’à aujourd’hui : une exposition de grandes figurines colorées fait songer à une vente de manège de fête foraine en pièces détachées : pirogues, bus, animaux (poissons, lions,…), fruits et légumes (poireaux, radis, cosses de cacao,…), et même téléphone portable ou moteur hors-bord sont exposés au bord de la route. Pourtant, nulle place pour s’asseoir n’est visible. Par contre, il est possible de s’allonger à l’intérieur car il s’agit de cercueils ! D’étonnants cercueils peints de joyeuses couleurs ! Dans le magasin où nous nous arrêtons, l’homme qui les fabrique s’appelle… Isaac Newton ! Nous découvrons ainsi une tradition de cercueil fantaisistes et personnalisés en lien avec une particularité du défunt.
Nous allons sur l’étonnante plage du Labadi Beach, un hôtel à 8 kilomètres d’Accra. Si le magnifique hôtel est un repaire d’expatriés, la plage est fréquentée par de nombreux ghanéens et il y règne une incroyable ambiance festive. D’immenses hauts parleurs diffusent une musique qui entraîne, sur le sable, pieds nus, de nombreux danseurs dans un rythme joyeux. Léa les rejoint et s’en donne à cœur joie. Des gamins se promènent à cheval et cherchent à louer leur monture pour une promenade sur la plage.
A Ada, sur la cote en direction du Togo, se trouve une station balnéaire , installée entre la mer et la Volta. Les pirogues y côtoient les voiles colorées des catamarans et autres dériveurs.
Un dimanche soir, alors que nous retournons vers Tema, la route est envahie par une foule joyeuse : l’équipe de football d’Accra vient de remporter l’Africa Cup. Des centaines de supporters, jeunes ou vieux, hommes et femmes courent dans la rue, leurs pas accordés sur le rythme de leurs chants de victoire. La voiture se fraie lentement un chemin dans la foule.
L’Harmattan, ce vent chaud et sec chargé d’une fine poussière blanche, que nous avions rencontré au Mali, souffle sans interruption depuis le 4 janvier. L’humidité de l’air diminue, la lourde chaleur humide du sud du Ghana disparaît. Par contre tous les paysages sont voilés de poussières. Même les sons semblent absorbées. Tout semble plongé dans un brouillard londonien, mais le temps est chaud et sec… étrange.
Les ghanéens sont très croyants. Nous verrons à travers tout le pays une multitude de diverses églises dérivées du christianisme : église de la Pentecôte, église du 7ème jour, church of the rising christ… Pratiquement tous les petits bus et taxis, ainsi que de nombreux camions, arborent sur leur pare brise arrière des phrases exposant la foi du conducteur : « Thank You Jesus ; God is Great ; Only Jesus can Save ; Only God can Judge Me ; In God We Trust ; Wonderful Jesus ; Jesus is Lord, Amen ;My Kingdom come »... ou plus simplement : « Clap for Jesus » ! Quelques véhicules affichent un « Allah Akbar » et nous verrons même un « Shalom ». Le dimanche, les chants des croyants retentissent dans les églises pleines où se pressent les fidèles.
Notre avion décolle le 22 janvier d’Accra et atteint Durban le 23 navire via Nairobi puis Johannesburg. Nous sommes un peu tristes de quitter nos amis Olivier et Robert. Mais le voyage continue et nous nous reverrons sans doute plus tard.
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