Filant toujours plein sud, la route mène au Sahara : Tiznit, Sisi Ifni, Guelmim, Tan-Tan, Tarfaya... Le sable envahit le paysage et avance même sur le bitume. Régulièrement, nous croisons des pelleteuses et camions qui luttent contre les dunes pour conserver la voie carrossable. Mais des langues de sables s’obstinent à essayer d’engloutir la route. Sur des centaines de kilomètres, nous ne croisons pratiquement que des camions et de vieux Land Rover.
L’asphalte longe la côte en haut d’une falaise. Sur les plages en contrebas, les carcasses rouillées de bateaux échoués, restent prisonnières, broyées par les deux géants, le Sahara et l’Atlantique. Le prix de l’essence diminue vertigineusement. A 80 cts d’euros dans le nord du Maroc, il est à 60 cts à Agadir. Aux environs de Tan-Tan, je paie mes 100 l de gasoil 32 euros !
Nous retrouvons Pascal et Anne-Sophie au lieu de rendez-vous, le lundi 11 octobre au soir, dans un camping perdu dans le désert, à 50 km de Laâyoune.
Léa et Rose jouent au sable (le plus grand bac à sable du monde…) et au docteur qui soigne un bébé qui vomit…
Tout va donc très bien :-)
Le mardi 12 octobre nous poursuivons vers le Sud et entrons dans le Sahara occidental : les contrôles de la gendarmerie sont de plus en plus nombreux. Simples vérifications très cordiales des passeports. Nous faisons une étape ravitaillement et cyber-café à Lâayoune. Les Nations Unis sillonnent la ville à bord de gros 4X4 Toyota flambant neufs. L’armée marocaine est aussi présente. Les tensions autour du Sahara occidental ne sont effectivement pas résolues.
Au-delà de Lâayoune, les véhicules sont de plus en plus rares. Le long de la route, quelques troupeaux de dromadaires mâchouillent des morceaux de désert, l’air calme et hautain. Dans une station-service de Boujdour, nous voyons notre premier criquet. Il est mort et a la taille et la couleur d’une crevette rose. Naïvement, nous le prenons en photo, sans savoir qu’à quelques kilomètres de là, sur la route, se trouve un énorme essaim de ces insectes. Ils sont des milliards. La route est rose. Ils volent et tourbillonnent devant nos voitures, percutent le pare-brise. Nous ralentissons l’allure pour ne pas obstruer le radiateur par des cadavres d’insectes et éviter un dangereux « cricket-planning ». Le jour tombant, nous descendons vers les dunes de bord de mer pour bivouaquer. Les criquets sont là eux aussi, moins nombreux que sur la route. Du coup Léa et Rose font une chasse aux criquets : affût, attaque, mise à mort, enfouissement du cadavre… et même en emprisonnent quelques-uns dans des cages de brindilles.
Le 13 octobre les kilomètres s’enchaînent à travers le désert pour notre plus longue étape au Maroc : 535 km. De toute façon rien à voir le long de cette route incroyable : lisse comme un billard, elle file, toute droite vers la Mauritanie à travers le sable et les roches. Il n’y a personne. Nous ne croisons qu’une dizaine de véhicules durant toute la journée. Après Dakhla, nous abordons la zone qui, jusqu’à quelques mois, ne se traversait qu’en convois escortés. A présent l’accès est libre mais des « bandits » la fréquente encore, nous a-t-on dit. Nous filons donc sans ralentir jusqu’à la dernière station-service du Maroc située à 80 km avant la frontière mauritanienne.
C’est le lieu de bivouac où se rassemblent les voyageurs dans un campement hétéroclite de voyageurs et de véhicules qui encombrent le parking. C’est la route vers l’Afrique Noire. Nous y rencontrons le « Capoté Circus » : Trois Québécois et un Français, à bord d’une 505 et d’une camionnette, constituent un cirque humanitaire. Il descend vers le Mali et le Sénégal et, au cours de ses étapes, faire des spectacles sensibilisant les gens au problème du Sida. Il y a également trois français qui rejoignent le Burkina avec quatre chiens et un perroquet à bord d’une camionnette et de deux 4X4 pour ouvrir un village touristique. D’autres jeunes descendent vendre des voitures en Mauritanie…etc… Différents voyageurs et différents voyages…
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