
En quittant le parc naturel du banc d’Arguin, nous bivouaquons dans les dunes du village de Nouâmghâr, en face de l’océan. Le soir, nous avons la visite de trois chacals. Curieux et craintifs, ils nous observent de loin, sans s’approcher.

Le mercredi 20 octobre, nous empruntons « l’ancienne route » qui reliait Nouadhibou à Nouakchott avant la construction d’une route goudronnée : la plage. La marée basse libère des flots une bande de sable dur qui constitue une belle piste très roulante. Nous couvrons les 60 km jusqu’au village de Tilouit, au petit matin. C’est une étape magnifique dans la lumière du soleil levant et l’air frais marin : les rouleaux de l’océan à notre droite ; un cordon de dunes oranges à notre gauche. A notre approche les mouettes s’envolent en nuées. Nous dépassons parfois quelques pirogues colorées de pêcheurs échouées sur le sable.
Tilouit est un petit village de pêcheurs situé à une centaine de km au nord de Nouakchott : cabanes de planches et de tôles, quelques maisons en dur. Nous nous renseignons pour acheter quelques litres de gasoil : pas de problème, l’épicier du village fouille dans un tas d’objets hétéroclites entassés dans la pièce adjacente à sa boutique. Dans l’obscurité, il extrait de son capharnaüm un bidon douteux. Nous préférons nous abstenir et compter sur nos réserves. Il nous reste encore suffisamment d’eau, de nourriture et de gasoil jusqu’à la prochaine étape Nous avons quitté Nouadhibou depuis six jours et sommes en autonomie complète depuis. Comme nous avons déjà pris nos visas pour le Mali à Paris avant le départ, nous décidons d’éviter la capitale Nouakchott et prenons la piste qui relie Tilouit à Akjout.

Nous longions l’océan depuis Casablanca, en suivant une route plein Sud. Le Sahara, que nous n’effleurions qu’à peine était déjà difficile et brûlant. Mais quand nous obliquons vers l’Est et entrons dans le désert mauritanien. Libéré de la fraicheur océanique, le grand désert prend ses aises et la température monte encore. Près de la piste, des enfants abreuvent un troupeau de chèvres et de dromadaires à un puits sous l’écrasant soleil de midi. Un dromadaire hisse la poche à eau par petits volumes d’une dizaine de litres aussitôt engloutis par les animaux assoiffés. Opération interminable dans la fournaise.
La piste passe par Bennichâb, sans que nous ne trouvions trace de la source d’eau minérale et de son usine de bouteilles. Nous faisons malgré tout un plein d’eau dans une autre usine d’eau minérale. Comme c’est l’heure de la prière, on fait la queue au robinet avec les ouvriers qui font leurs ablutions. Après un bivouac dans les dunes, nous arrivons à Akjout le jeudi 21 octobre vers midi.
Ancienne cité minière, Akjout est encaissée au pied de montagnes noires. Alors que nous achetons de la nourriture dans le marché, nous entendons l’alarme du Land qui sonne. Je retourne précipitamment mais tout est normal. Par contre, le klaxon a ameuté tous les gamins de la ville qui se rassemblent hilares autour du Land en imitant le son de l’alarme et mon geste frénétique pour l’arrêter avec la télécommande. Pour les courses, il faut se contenter de quelques boites de conserve, du pain, des biscuits, de la semoule ou du riz. Dans cette ville, comme partout dans le désert, les seuls produits frais sont des oignons et des pommes de terre.

Après avoir fait le plein de gasoil nous partons vers Atar. Nous abandonnons l’asphalte à 20 km de la ville par une piste décrite dans notre guide « La Mauritanie au GPS ».
Nous bivouaquons en fin de journée au pied de l’Erg Amatlich : un immense et magnifique cordon de dunes barre l’horizon. Notre destination est de l’autre côté…

Nous dînons au pied de ces montagnes de sable, un peu impressionnés par l’idée d’avoir à le franchir le lendemain. En jouant dans le sable, Léa découvre sa première fourmi « chromée » : une étonnante espèce de fourmi qui s’est adaptée au désert et au soleil en se couvrant d’une carapace réfléchissante.


Le mercredi 22 octobre, nous entrons dans le Foum Tizigui, un passage rétrécit de l’Erg où il devrait être possible de le passer en voiture. Mais nous nous ensablons régulièrement. Nous progressons très lentement à travers le Foum, régulièrement stoppés dans le sable trop fin, trop chaud, trop mou. Les plaques à sable sont brûlantes. Nous pelletons le sable inlassablement pour extraire le Land du sol meuble. La consommation de gasoil des voitures et celle d’eau des passagers montent en flèche.

Pendant que les grands jouent au sable avec leurs 4X4, Léa et Rose s’amusent avec délice dans les dunes : escalades, toboggan, dinette... C’est comme à la plage. Sans les baignades. Mais notre progression est de plus en plus difficile. On s’ensable de plus en plus fréquemment. Nous cherchons des passages entre les dunes qui constituent un véritable labyrinthe de sable avec le soleil implacable comme Minotaure.

En milieu d’après-midi, OZ arrive à bonne vitesse au sortir d’une dune sur les plaques à sable du Toyota qui le précède. Une plaque se redresse, arrache la calandre et frappe le radiateur. Notre voiture est-elle immobilisée au milieu de nulle part ? Le premier émoi passé, il s’avère que nous avons de la chance : la plaque a frappé le radiateur de clim’, qui est tordu, mais qui a protégé le radiateur du moteur qui lui, est vital. OZ peut non seulement rouler, mais en plus, cerise sur le gâteau, la clim’ fonctionne encore !
Nous nous arrêtons au pied des dunes pour bivouaquer et effectuer une réparation de fortune. La blessure d’OZ se voit à peine. Pendant cette journée épuisante nous n’avons progressés que de 11 km. Mais nous ne sommes qu’à 1,5 km du point GPS de sortie du Foum.

Soudain, au milieu de ce désert de sable, surgissent d’on ne sait où deux bergers chevauchant leur dromadaires (avec un fusil) et un troupeau de chèvres. Ils ne parlent pas français mais on arrive à « discuter » un peu par gestes. Ils nous demandent de l’eau, nous interrogent sur notre destination et nous expliquent que nous ne sommes pas sur le bon chemin. A leur question de savoir si un guide nous accompagne, nous leur expliquons que nous n’en n’avons pas mais nous possédons un livre et un GPS. Leur seul commentaire sera, en signe de désapprobation, leur index frappant la tempe : vous êtes fous (ou inconscients ?). Avant de partir, ils nous indiquent le chemin de sortie, mais ce n’est pas très clair : le berger pointe un doigt tanné et sec et dessine un vague « Z » dans les airs. La sortie n’est pas Au bivouac le soir, l’ambiance est un peu morose et nous sommes un peu inquiets de savoir comment se sortir de là…

Le 23 octobre, nous quittons le bivouac dès le lever du soleil, « à la fraiche ». Au sortir de la nuit, le sable est plus froid et plus dur qu’en journée. Mais dès 7h30, nous sommes en train de pelleter pour désensabler les voitures… Visiblement, il manque, entre les points GPS d’entrée et de sortie du Foum des points intermédiaires pour le passage. Fatigués et déçus, nous décidons d’arrêter les frais et abandonnons. Nous faisons demi-tour pour reprendre sagement le goudron de la route Akjout-Atar quittée deux jours plus tôt.

Nous passerons la nuit à 40 km d’Atar, dans le bel oasis de Tergit. Dans un canyon, une source d’eau fraîche coule entre les rocher, et abreuve des palmiers.
Après nos journées dans le Foum, nous apprécions la fraîcheur et les bains sous les palmiers.

Nous arrivons à Atar le 24 octobre et nous installons au camping « Bab Sahara », tenu par Justus, un hollandais qui parle neuf langues. Grâce à ses compétences en mécanique, nous réparons le ventilateur de clim’. L’eau coule en abondance en ville : Léa et Rose auront le droit à un autre long bain rafraîchissant avec des bassines en guise de baignoire. Echaudés par notre mésaventure dans l’Erg Amatlich, nous prenons un guide, conseillé par Justus, qui pour 100 euros par voiture, nous accompagnera pour une boucle d’une dizaine de jours dans le désert mauritanien, d’Atar à Tidjidka. OZ semblait plein comme un œuf, mais on y loge une cinquième personne : Moulay Chriff. Nathalie, Léa et Rose s’entassent sur la banquette arrière. Cette fois, OZ ressemble vraiment à un « autobus malgache ».
Nous quittons Atar le 25 octobre en fin d’après-midi, suivons une piste et passons dans la lumière du soir, la belle passe montagneuse d’Ebnou. Nous bivouaquons, juste avant la passe d’Amodjar au pied d’un site de peintures rupestres découverts par Théodore Monod. Nous admirons de belles girafes, des gazelles, un éléphant, des danseurs, dessinés sur la roche au temps où, à la place de ce désert, s’étendait, il y a 6 000 ans, une riche savane.
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